Voyage quand tu nous tiens...

Nous sommes de retour de notre tour d Asie du Sud Est. Durant 5 mois nous avons scrupuleusement tenu a jour ce blog. Au programme: Cambodge, Vietnam, Chine (Yunnan), Laos, Thailande, Birmanie, Malaisie, Bali. Venez piocher des infos, lisez nos impressions sur telle ou telle ville via le carnet de route et laissez vous emporter par les belles photos de sylvain. N'hesitez pas à fouiller nos archives. Bonne visite.

31.12.06

Lijiang - Yunnan






2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Un «incident de masse» violemment réprimé en Chine
Cinq jours d'émeutes dans un village auraient fait près de 60 blessés.
Par Pascale NIVELLE
QUOTIDIEN : jeudi 15 mars 2007
Pékin de notre correspondante

Pour quelques yuans de trop, la colère explose. Et la police charge, faisant des dizaines de blessés et peut-être un mort. Cela s'est passé vendredi à Zhushan, village de montagne du Hunan, au centre de la Chine, parce qu'une compagnie de bus avait décidé d'augmenter le prix de ses billets de 5 à 9 yuans (90 centimes d'euro). Une fortune pour les passagers, pour la plupart des paysans qui gagnent péniblement 500 yuans par mois. Les dirigeants de la compagnie n'ont pas plié, le mécontentement a enflé. Des manifestants ont encerclé des bâtiments publics, accusant les officiels locaux de collusion.
Riposte. Dans ce climat tendu, l'étincelle s'est produite vendredi. A bord d'un bus de la compagnie Anda, un étudiant refuse de payer un supplément pour ses bagages. Des vigiles ripostent par des coups. Les passagers, furieux, bloquent l'autobus, bientôt suivis par des villageois. La police arrive quelques heures plus tard par camions, casquée et armée.
Selon des témoins, 1 500 policiers et 20 000 manifestants se sont affrontés violemment. Des bus, des voitures officielles et des véhicules de police ont été incendiés ; leurs carcasses fumantes, retournées sur la route, ont fait le tour des sites Internet à l'étranger. Les émeutes ont duré presque cinq jours, avec un pic lundi, et ont fait une soixantaine de blessés, accueillis dans l'hôpital de la ville proche, Yongzhou. Le South China Morning Post, journal de Hongkong, parle d'un mort, un étudiant. L'information n'a pu être confirmée par aucun témoin direct.
Zhang Zilin, militant des droits de l'homme du Hunan, était sur place lundi, au plus fort des émeutes. Il a raconté avoir vu la police (police locale, police spéciale, police armée du peuple) taper au jugé avec des matraques sur la foule, y compris enfants, femmes et personnes âgées. «Les manifestants étaient très en colère, a-t-il témoigné, interviewé au téléphone par l'agence AP. Ils criaient "battez les chiens du gouvernement à mort" et lançaient des pierres et des briques. Les policiers criaient en retour : "Battez-les à mort."» Il a vu un homme jeté de son vélo par les forces de l'ordre, harassé de coups et laissé sur le sol dans une mare de sang. De nombreux manifestants, surtout des étudiants, ont été arrêtés. Comme d'habitude, la presse chinoise est restée silencieuse sur cet «incident de masse» (selon la terminologie officielle). Les autorités locales, sollicitées par les médias étrangers, ont d'abord nié, évoquant des «rumeurs», puis reconnu les faits, en minimisant : «Personne n'a été tué, c'est un incident mineur», déclarait lundi un officiel de la province.
Mardi, l'agence Chine nouvelle a donné sa vérité une fois «l'affaire calmée». Ni morts ni blessés, voilà en substance la version à graver dans le marbre : vendredi 9 mars, devant le mécontentement de la population, le gouvernement local a «immédiatement» ordonné à la compagnie de bus de rebaisser ses tarifs, ce qui a été fait le 11. Certaines personnes toujours mécontentes auraient «profité» du désordre pour casser et brûler des voitures de police qui n'étaient là que pour maintenir l'ordre public. «Après des efforts vains pour arrêter ces actes», la police a dû intervenir et a procédé à des arrestations. La compagnie Anda a été fermée, «les gens se sont calmés», «la vie et le travail reprennent leur cours normal». Fin de cet incident, «qui a suscité la haute attention du gouvernement local».
Cette douche tiède n'a pas suffi. Le bruit des émeutes de Yongzhou a franchi les murs épais du Palais du peuple, place Tiananmen, où sont réunis depuis dix jours les 3 000 députés de l'Assemblée nationale populaire. Deux d'entre eux, informés visiblement par d'autres sources que celles du Parti, ont interpellé leurs collègues du Hunan : «Comment un incident aussi important a-t-il pu arriver à Yongzhou ?»
Saisie. Etrange question : les 750 millions de paysans chinois, révoltés par la corruption et les immenses inégalités sociales, peuvent se soulever n'importe où et à tout moment. Parallèlement à Yongzhou, le 11 mars dans la province voisine du Guangdong, 1 000 villageois, révoltés par la saisie arbitraire de leurs terres, se sont affrontés aux policiers. L'an passé, 23 000 «incidents sociaux» ont été officiellement comptabilisés en Chine, sans qu'on sache combien étaient «de masse».

27/3/07  
Anonymous Anonyme said...

les photos : www.boxun.us/news/publish/chinanews/Riots_In_Hunan.shtml

L'ordre règne dans le Hunan
Début mars, une révolte a été étouffée. Pour le pouvoir chinois, il ne s'est rien passé.
Par Pascale NIVELLE
QUOTIDIEN : mardi 27 mars 2007
Zhushan (province du Hunan) envoyée spéciale

Des émeutes à Zhushan ? Parlons plutôt d' «incidents, aujourd'hui totalement éteints», sourit la charmante Mme Li. C'est vers elle que dirige M. Kang, porte-parole de la municipalité de Zhushan. Lui ne sait rien, il agite les deux mains en signe de dénégation. A l'entrée de sa somptueuse mairie, une affiche promet pourtant 10 000 yuans (970 euros) de récompense, et l'anonymat, à qui dénoncera les «criminels en relation avec l'affaire du 9 mars». Un bureau a même été ouvert pour les «criminels qui voudraient se rendre», moyennant l'indulgence des autorités. Combien d'arrestations depuis deux semaines ? «Il y en a peut-être eu, répond, placide, M. Kang. Mais c'est l'affaire de la police, qui doit passer par nous. Et nous, nous devons passer par la ville de Yongzhou...»
C'est là, à une quarantaine de kilomètres, que Mme Li, porte-parole de la municipalité, fait la démonstration de son talent : «Lisez le quotidien de Yongzhou, tout y est.» Rien de plus en fait qu'une dépêche mollassonne de l'agence nationale Xinhua, bien obligée d'admettre la semaine dernière après toutes ses collègues étrangères, des incidents entre paysans et policiers à Zhushan. Entourée du directeur de la propagande du Parti, d'un interprète et de deux policiers, Mme Li veut bien répondre à toutes les questions. Mais tout ce qu'elle sait, c'est que tout est arrangé.
4x4 et berlines. Retour à Zhushan, par l'autoroute neuve et vide qui traverse les rizières. Un bourg rural de 10 000 habitants, 50 000 en comptant les innombrables fermes alentour, où les seules voitures sont des 4x4 japonais et des berlines allemandes, toutes conduites par les petits chefs du Parti. Ceux-là ont leur bureau et leur appartement dans un nouveau quartier hérissé de lampadaires démesurés. Les autres se partagent une rue principale goudronnée et deux ou trois ruelles praticables, puis le village se perd dans la boue. Sur chaque façade, une affiche frappée des sceaux rouges du Parti, de la justice et de la police évoque l' «incident de masse», «des voitures brûlées et cassées», et invite les criminels à se rendre et avertissant que «ceux qui ne l'auront pas fait avant le 20 mars s'exposent à des sanctions alourdies». «Ceux qui ont caché les criminels» sont également visés. Des voitures de police passent sans arrêt, la plupart des habitants briefés par leurs dirigeants se détournent. «Il ne s'est rien passé, hurle la pompiste de la station-service. Vous ne croyez quand même pas qu'on va parler devant des étrangers !»
Dans une ruelle à l'écart, la jeune Xiao Fang parle en toute franchise, encore émue : «Cela a duré quatre jours. Le dernier, cela a été très grave. Il y avait des milliers et des milliers de personnes en colère dans les rues. Ils ont brûlé des bus et des voitures de police. J'ai vu une scène de tabassage depuis la fenêtre d'un immeuble devant la mairie. Les policiers frappaient tout le monde, même les vieux et les très jeunes.»
Révolte. A l'hôpital, bâtisse froide, sale et sans vitres, un employé confirme avoir reçu entre le 9 et le 12 mars, une «dizaine de blessés légers et deux autres plus gravement, qui ont été conduits à Yongzhou». Il désigne du menton la petite gare de bus : «C'est de là que tout est parti.» Un jeune homme, Minzi confie avant de s'échapper à la vue d'une ronde de police : «Cela fait longtemps que les gens étaient en colère contre la compagnie de bus, la seule du village, qui faisait ce qu'elle voulait. Des incidents avaient déjà eu lieu, parce que les tarifs ne cessaient d'augmenter. Les billets étaient passés à 9 yuans (90 centimes d'euros) pour un passager aux mains vides, et 15 yuans (1,50 euro) pour ceux avec des bagages, seulement pour faire 38 kilomètres.» 9 yuans, le prix d'une paire de chaussures pour un paysan qui gagne péniblement 500 yuans par mois. Le 8 ou le 9 mars ­ Minzi ne se souvient plus ­, les parents d'élèves scolarisés dans la ville voisine, faute de lycée à Zhushan, se sont révoltés après qu'un jeune s'est fait brutaliser par un employé, sous les yeux de fonctionnaires visiblement de mèche. Ils sont partis en groupe protester à Yongzhou, réclamer des demi-tarifs pour leurs enfants, comme cela se pratique partout en Chine. Réponse négative de la compagnie Anda, en position de monopole dans la région et soupçonnée de collusion avec les politiques locaux. «Puis ils ont envoyé des voyous frapper les parents ici», raconte Minzi.
«Corruption». Le 9 mars, les premiers bus sont brûlés. Le 12, une responsable du district, nommée Tan, confirme à l'agence Reuters que près de 20 000 manifestants se sont opposés à 1 000 policiers, et donne la «corruption» comme raison de la colère. Tous les appareils photo des villageois sont confisqués, mais des images d'attroupement, de bus et de voitures de police calcinés, paraissent sur le site Boxun, censuré en Chine. Neuf véhicules en tout, diront des témoins. L'un d'eux, Zhan Zilin, affirme que tous les corps de police du Hunan, police locale, police du district, police spéciale, armée... ont convergé vers Zhushan, coupé à la circulation. Ce témoin a parlé de 60 blessés. «Il y en avait des dizaines», dit pour sa part Xiao Fang, la jeune femme de Zhushan. «Les policiers tapaient avec des bâtons et des matraques électriques.» Le bruit des émeutes est remonté jusqu'à Pékin, où avait lieu la réunion annuelle de l'Assemblée nationale populaire, le Parlement chinois. Des députés en ont parlé en public, troublant les séances sur l'élaboration de la Société harmonieuse chère à Hu Jintao.
A Yongzhou, Mme Li aura bientôt terminé de comptabiliser les voitures brûlées, les blessés et les arrestations. Mais à quoi bon ? Tout n'est-il pas «paisible» maintenant ? Le gouvernement a fait fermer temporairement la compagnie Anda, a rétabli la concurrence entre les bus dans le district et a ramené le ticket au prix de 5 yuans. «Il n'y a rien de spécial dans toute cette affaire, dit-elle. Dans le monde entier, il arrive que des gens soient mécontents à cause des tarifs de bus.»

27/3/07  

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